photo: Pierre Dury
PIQUE de Robert Lepage
photos: Erick Labbé
A l'invitation du Réseau 360, regroupement de 13 salles circulaires dont la Tohu est la seule représentante en Amérique, Robert Lepage a imaginé un spectacle où le public encercle la scène qui devient comme une table de jeu. Partant de cette configuration, le thème des cartes s'est ensuite imposé au metteur en scène, jamais en panne de concepts prometteurs.
Du 14 au 25 janvier, Robert Lepage propose donc Pique et du 30 janvier au 9 février Coeur. Trèfle et Carreau suivront un jour.
Pique embrasse la forme chorale pour raconter le destin croisé de personnages se retrouvant à Las Vegas alors que les États-Unis envahissent l'Irak et Céline Dion lance son nouveau spectacle A New Day. Comme j'étais à Vegas ce mois de mars 2003, j'avais très hâte de voir ce que Lepage ferait de ce moment surréaliste.
Dans son spectacle, il y a donc des congressistes, des nouveaux mariés, des employés d'hôtels et de casino, des militaires en entraînement dans le désert tout proche, un mentaliste, un Elvis et un indien.
Quand on connaît un peu cette capitale du jeu, pas difficile de croire que tout ce beau monde puissent se retrouver au même endroit au même moment.
La pièce nous montre des personnages en déséquilibre. Le congressiste qui craint de rechuter dans son addiction au jeu. Des nouveaux mariés venus confirmer une union qui vacille. Une femme de chambre terrorisée à l'idée que sa santé compromette son job parce qu'elle est immigrante illégale.
Les scènes se succèdent. Au bar, dans le casino, dans les chambres, à la réception, dans le désert. Tout ça grâce à un dispositif scénique ingénieux typique de l'univers de Robert Lepage. L'homme de théâtre se transforme encore une fois en formidable architecte pour échafauder un imaginaire qu'il a foisonnant au niveau formel.
Mais ce qui est aussi typique du dramaturge c'est la faiblesse du propos. Ce ballet millimétré repose sur un récit malheureusement anecdotique. Une multitude de sujets sont effleurés sans offrir de perspective non plus que d'émotion.
Pendant le spectacle, servi par des acteurs plutôt ternes, je n'arrêtais pas de me demander si le public était captivé ou ennuyé comme moi. Après tout il y avait mille personnes dans la salle et on aurait entendu voler une mouche.
La réception froide que les comédiens ont reçu après deux heures et demi de spectacle (sans entracte) m'a fourni la réponse.
Robert Lepage a déjà eu plus d'as dans son jeu.