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1995!


J’ai vu le film de Ricardo Trogi qui a accumulé 1 million de $ au box office québécois en moins d'une semaine.


‘’Il s’agit du meilleur départ pour un film québécois depuis ‘’Menteur’’ en 2019’’, dit le communiqué de presse que j’ai reçu cette semaine.


Mon texte, je vous préviens, va aller dans toutes sortes de directions très personnelles. Il y a tant à dire sur ce film. Je ne cesse d’y penser depuis samedi, pour toutes sortes de raisons dont plusieurs ressemblent à ce que j’écrivais sur 1987 y a 10 ans.

Encore cette fois-ci, Jean-Carl Boucher s’acquitte parfaitement de la tâche d’incarner l’alter-égo de Trogi. Dans certaines scènes, je ne pouvais m’empêcher de penser au jour où j’ai donné la réplique à Jean-Carl dans des vignettes réalisées par Les Appendices dans le cadre des Journées de la culture en 2015. Nous agissions tous les deux comme ambassadeurs de l’événement. Comment être objectif après ça!


1995 c’est aussi replonger dans cette époque d’avant le cellulaire. On est l’année de l’ouverture de RDI. Les nouvelles en continu n’existe pas encore en français au Québec.

 

Si je remonte dans le temps, quand je suis arrivé à Montréal il y a 35 ans, j’ai commencé au service des émissions Jeunesse qui chapeautait la Course. Celui qui m’a embauché pour animer Génies en herbe était aussi le patron de la Course. Si mon souvenir est bon, les bureaux de ces deux émissions étaient au 7e. Deux émissions qui s’adressent à l’intelligence des jeunes, permettez-moi de trouver que c’était une belle époque.


Ce qui fascine dans ce film, c’est de revivre ce concept extraordinaire d’émission qui tenait à la fois du concours, de la quête personnelle, du dépassement de soi, et de la découverte du monde.


Nous sommes avant la télé réalité bête d’aujourd’hui.
En 1995, l’année du film, la formule existe déjà depuis longtemps.


Les plus vieux se rappelleront de l’émission Le Grand Raid Le Cap-Terre de feu produite par la Communauté des télévisions francophones en 1984, animée par Noël Mamère.


De cette formule très suivie le samedi après-midi naîtra La Course destination monde diffusée (sous différentes appellations avec uniquement des concurrents canadiens) durant onze saisons entre le 8 octobre 1988 et le 11 avril 1999 à la Télévision de Radio-Canada, animée d’abord par Michel Désautels et ensuite par Pierre Thérien.

 

Les animateurs étaient soutenus par un panel de juges très relevé qu’on pense à Michel Coulombe, Manon Barbeau, Michelle Rossignol, nommés dans le film. Si vous cherchez le juge permanent Jean-Pierre Masse (un des idéateurs de la course) dans le film, il n’y est pas, car en 1995, il n’était plus là, remplacé par Pierre Girard. Le réalisateur Jean-Louis Boudou avait cédé sa place aussi, à Monique Lamarre.


Le défi qu’on imposait aux 8 concurrents de cette émission était énorme. Il fallait être à la fois un journaliste terrain intelligent-sensible-crédible-organisé, un vidéaste doué, un technicien habile, un entertainer redoutable pour capter l’attention, et un globe-trotter intrépide, sans peur et sans reproche.


En 1995, il y avait des prix à la clé. 14, d’une valeur totale de 63 000$!


Je suis allé voir le film avec ma blonde (comme moi une fidèle de cette série), accompagné de fiston et de sa blonde. Avant la projection, j’ai réalisé que la Course ne voulait rien dire pour eux qui sont nés en 1993.


En nommant quelques noms de concurrents qui se sont révélés sous nos yeux de 1988 à 1999, et qui sont devenus des figures notoires de notre société (Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Patrick Masbourian, Étienne LeBlanc, Jennifer Alleyn, Hugo Latulippe, Guy Nantel, je pourrais en nommer davantage, j’ai tant d’amis FB qui ont été participants à cette émission), en citant aussi les cotes d’écoute fabuleuses de cette émission (300 000 à 500 000 téléspectateurs), j’ai voulu leur faire réaliser l’importance de ce phénomène, les avertir qu’il y avait là une sacrée bonne histoire à raconter, mais qu’on en aurait qu’une petite partie. La vision d’un seul concurrent: Ricardo Trogi.


Ils ont aimé, ma blonde aussi, énormément.
Personnellement, le film m’a plu à plusieurs égards, mais m’a souvent exaspéré par ses longueurs et ses répétitions. Il y a un bon 20 minutes de trop, notamment au début.


Je terminerai en confessant ma mélancolie à l’idée que c’est la dernière fois qu’un réalisateur de film peut se permettre d’utiliser la tour de Radio-Canada comme décor naturel pour raconter une histoire qui s’est passée là. Dur à prendre pour un gars qui a fait 25 ans dans cette boîte.


N’attendez pas d’images de l’intérieur du 1400 boulevard René-Lévesque Est, c’était déjà probablement trop tard.


Bref, ce film remue beaucoup de souvenirs, souvent enfouis et qu’il faut déterrer. On se rend compte que l’année 1995, année du deuxième référendum perdu, est bien loin dans notre mémoire.


Bon exercice de ‘’je me souviens’’ à faire.

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