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Alain Lefèvre, l'humain avant tout

18-03-15

Alain Lefèvre est un pianiste atypique. Doué pour les concerts et la grande musique, il mène sa carrière avec liberté et en dehors du carcan de la musique classique, comme Angèle Dubeau. Il défend des compositeurs malaimés (André Mathieu, bientôt Walter Boudreau), refuse la langue de bois, fait de la radio et propose, avec régularité, des enregistrements de ses propres compositions.

 

Rive Gauche qui paraît cette semaine est son 5e album personnel et le meilleur de tous.

 

 

Ça commence par la pochette qui est une réussite à tous les points de vue. La pose d’abord, désinvolte mais dont l’effet est contrebalancé par la tête inclinée, une marque d’humilité qui est l’apanage de Lefèvre. La symétrie de l’ensemble est frappante. Même la boucle Hermès de la ceinture suit les lignes du piano. Le tout flotte dans une lumière diaphane qui annonce l’atmosphère du disque.

 

Ce nouvel enregistrement compte 9 pièces dont trois sont l’aboutissement de projets d’écriture qui remontent à des années.

 

Au dîner de presse, chez Graziella, on a pris plaisir à écouter Alain Lefèvre raconter ce qui se cache derrière chaque titre dont Rive Gauche qui lui est venue après avoir connu la misère noire à Paris. Un flacon de parfum Drakkar de Guy Laroche et la pièce À bicyclette, interprétée par Yves Montand, expliquent la légèreté qui s’en dégage.

 

''Je ne sais pas comment je compose'' dit-il. Mais il sait très bien qui l'inspire. L’humain n’est jamais loin.

 

À la source de Élou, il y a Élourdes Pierre vue dans le documentaire Le petit monde d’Élourdes. Il y a la mémoire du violoniste Christian Ferras dans Paris de mes souvenirs. L’amie Fabienne Dor est célébrée dans Au bout de mes rêves. Même l’animal de compagnie de Yannick Nézet-Séguin, Parsifal, a droit à une composition posthume.

 

Dans le livret, Alain Lefèvre met tout ça en contexte, comme il le fait à la radio.

 

Ce disque est aussi l’occasion de saluer des créateurs qui l’ont marqué en dehors de l’univers classique. Elton John sur Mad About You (vous reconnaitrez avec plaisir les premières mesures de Benny and The Jets au début) et Dave Brubeck sur Time Out. Sur ces deux pièces, le pianiste est secondé par l’incomparable Michel Donato à la contrebasse et le précieux Paul Brochu à la batterie.

 

Alain Lefèvre est un mélancolique et un romantique mais sur Rive Gauche on le sent en paix comme si la cinquantaine lui avait ouvert les voies de la sagesse. Il faut bien qu’il y ait des avantages à vieillir.

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