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Babylon: WTF ?*
05-01-2023

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Un Mexicain dans le désert. Il s'appelle Manni Torres et rêve de s'établir aux États-Unis, de travailler dans l'industrie du cinéma. Tous les moyens sont bons pour y arriver, notamment livrer par camion un éléphant chez un grand producteur de films qui organise une fête au milieu de nul part.

La scène évoque celle du film Fitzcarraldo (1982) de Fassbinder dans laquelle le personnage principal hisse son bateau par-dessus une montagne pour passer du fleuve Amazone à un autre cours d'eau qui lui permettra d'aller plus profondément dans la jungle. Est-ce voulu? Je ne sais pas. Pourquoi un éléphant, et pourquoi le pachyderme chie-t-il tout son soûl sur l'équipage de Manni? Est-ce une métaphore quand on sait que l'éléphant est le symbole du parti de Donald Trump?

 

La projection n'avait pas 5 minutes de faites que déjà je me posais beaucoup de questions.

 

Ce film, une affaire de plus de trois heures, c'est le Babylon du réalisateur franco-américain Damien Chazelle. Ça vaut la peine de rappeler sa double nationalité, car il y a chez ce natif de Providence (Rhode Island) parfaitement bilingue, une fascination pour l’Amérique (Whiplash 2014, LaLaLa Land 2016, First Man 2018), mais avec un esprit critique français aussi aiguisé que déjanté.

Dans Babylon, il ne décrit pas l’époque du cinéma muet américain comme Michel Hazavanicius l’a gentiment fait en 2011 avec The Artist, son film est résolument plus scabreux. Un grand fourre-tout où ça picole, snife, fornique, défèque, urine, disjoncte, où les personnages réussissent malgré tout à faire du cinéma.

J’ai eu l’impression par moments d’être chez Passolini ou au festival Fantastica, en me disant régulièrement que ce film était vraiment n’importe quoi. Dommage, car à travers les excès exaspérants il y a de bons moments notamment quand on recrée les plateaux de tournage complètement fous de l’époque du cinéma muet, et ceux tout en contraste des débuts des films parlants où tout un chacun devait apprivoiser la bête du son.

Brad Pitt est excellent en superstar du muet qui voit son auréole pâlir avec l’arrivée de la nouvelle technologie.

Margot Robbie, à qui on demande de jouer dans le tapis du début à la fin, a plusieurs occasions de se faire valoir dans un rôle de wannabe qui manque cependant cruellement de nuances.

Le Mexicain Diego Calva hérite quant à lui d’un personnage plutôt mal défini qui l’empêche de briller.

Pour moi, la grande réussite du film, c’est sa bande sonore. Justin Hurwitz, fidèle collaborateur de Chazelle, a composé une musique irrésistible qui fait taper du pied tout du long. D’autant que les musiciens (une armée de cuivres) sont plus souvent qu’autrement visibles à l’écran.

On s’étonne que cette gigantesque production, qui comporte de nombreuses scènes avec des centaines de figurants, ait été tournée en pleine pandémie. Le port du masque et le deux mètres ont du être incompatibles avec la promiscuité montrée à l’écran.

Le tournage s’est fait en 2021, mais le film a été pensé en 2019. Est-ce que Chazelle a voulu égaler au cinéma, en nos années 2020, la démesure des années folles du siècle précédent? Peut-être, mais pour dire quoi? Je n’ai pas trouvé de réponse à cette vaste entreprise de démesure cinématographique. Je m’étonne même que Paramount Pictures ait endossé un tel film qui n’a rien de grand public.

Hâte de voir qu’est-ce qu’Oscar va faire avec cette patate chaude!

Peut-être le prix du film qui dit le plus souvent Fucking!

*WTF: What the fuck

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