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Céline Dion, la glorieuse du Centre Bell

01-08-16

À 20 :50, comme annoncé par son attachée de presse, Céline Dion s’est faite entendre a capella, tapie dans l’ombre d’un Centre Bell bondé. Cette ponctualité exemplaire pour un soir de première archi-couru, rappelle celle des funérailles de René Angélil. Souvenez-vous, la

cérémonie à la Basilique Notre-Dame avait commencé à 15 :20 tapantes, incidemment avec la même chanson Trois heures vingt.

 

C’était donc soir de retrouvailles entre Céline Dion et son public montréalais, un premier contact depuis que la chanteuse a perdu l’homme de sa vie. Évidemment, la foule l’a enserrée comme une foule peut le faire avec des applaudissements nourris, soufflant des quatre coins du Centre Bell chaleur humaine et ondes positives à leur chanteuse adorée qui refoulait les sanglots en gros plan sur les écrans géants.

 

Après Encore un soir, nouvelle chanson de Jean-Jacques Goldman qui apparaîtra sur son

prochain disque en français, Céline y est allée de quelques mots nous assurant qu’elle va bien et que ce retour sur scène ne serait pas triste.

 

Indéniablement, Céline Dion va bien … en tout cas sur scène. On sent que pousser la note apaise sa peine. Et elle est toujours aussi en voix. Son immense talent vocal a été d’autant mis en valeur qu’elle a chanté principalement en français (22 chansons en français sur un répertoire de 29), une langue de nuances.

 

Céline sonne autrement lorsqu’elle chante dans la langue de Jean-Jacques Goldman et elle nous en fait profiter pleinement. Pour que tu m’aimes encore, S’il suffisait d’aimer, Je crois toi, Qui peut vivre sans amour, Et je t’aime encore, Dans un autre monde, Le vol d’un ange, Vole, Valse adieu, Terre, Immensité, l’ère Goldman a été largement célébré.

 

Mais il y a eu aussi L’amour existe encore de Plamondon-Cocciante, Ordinaire de

Charlebois réécrite au féminin par Mouffe, Je n’ai pas besoin d’amour de Ferland-Mercure. Et la très jolie A la plus haute branche, une toute nouvelle de Daniel Picard.

 

Si personnellement je trouve que le choix de favoriser son répertoire en français est un des

atouts de ce spectacle, il faut reconnaître que c’est aussi très audacieux voire risqué, car

plusieurs chansons retenues n’étant pas à proprement parler des tubes, il y a possibilité de perdre le public. On a d’ailleurs senti une baisse de régime au milieu du show après 9 chansons en français en ligne dont quelques plus obscures.

 

On a dit que René Angélil a été informé de l’orientation de ce nouveau spectacle. Lui qui

connaissait parfaitement le goût du public de sa chanteuse, était certainement rassuré de savoir qu’elle chanterait aussi ses méga-succès Because You Love Me, It’s All Coming Back to Me, Power of Love, Love Can Move Mountains, River Deep, Mountain High et My Heart Will Go On. Ajoutez à ça Purple Rain de Prince et The Show Must Go On de Queen et vous avez l’assurance d’un public conquis. Elle a d'ailleurs gardé ces canons pour la fin.

 

Pour revenir au boniment d’ouverture, Céline fait erreur quand elle dit que ce ne sera pas un

spectacle triste. Pratiquement tous les titres que je viens de citer nous ramènent à cette relation d’amour passionnée que la mort a rompue et ça, ce n’est pas de nature à favoriser le party.

 

Veuve à 48 ans, Céline est dans une autre énergie, très loin de celle des spectacles A New Day ou Taking Chances. On ne peut l’en blâmer.

 

On a aussi l’impression que Céline fait moins corps avec son équipe sur scène. L’absence des Mégo Lemay, Yves Frulla, Jean-Seb Carré, André Coutu et Marc Langis, membres de sa famille musicale depuis des lustres, se fait sentir. Le nouveau chef d’orchestre Scott Price fait un bon travail mais il n’y a pas la même chimie. Heureusement Barnev Valsaint et Elise Duguay sont là, toujours aussi efficaces à épauler vocalement la Diva avec Dawn Cumberbatch qui complète le trio. Les cordes font aussi un travail remarquable sous la direction de Philippe Dunnigan et quelle bonne idée d’avoir aussi une section de cuivres.

 

Visuellement ce spectacle est très beau, encore une fois grâce aux bons soins d’Yves Aucoin qui module parfaitement lumières et projections selon le climat des chansons. 

 

Cette première montréalaise passera à l’histoire pour un mémorable wardrobe malfunction. Rien à voir avec le nip gate très organisé de Janet Jackson en 2004. Ici on parle d’une traîne trop longue qui n’a jamais cessé d’importuner la chanteuse au point de craindre de voir trébucher celle qui avait promis de ne pas quitter la scène. Céline n’a pas que chanté The Show Must Go On, elle a appliqué le principe en se débattant avec l’infâme garniture vestimentaire en dentelle sans jamais perdre ses moyens.

 

Cette femme est vraiment une bête de scène mais aussi une force de la nature. Avec cette

résidence de 10 jours à l’amphithéâtre des Glorieux, elle inscrira un record du Centre Bell.

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