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CHRONIQUE DISQUES

29-10-15

ST GERMAIN, Warner

Enfin St Germain nous revient. Il y a 15 ans que j’attendais le nouveau disque de Ludovic Navarre, précurseur de la French Touch avec ses disques Boulevard et Tourist qui mélangeaient savamment jazz, blues et house. Vous vous rappelez de son tube Rose rouge? Rythmique à la Dave Brubeck, trompette à la Miles et voix de femme black hypnotisante. Ça jouait partout. Et St Germain s’est tu. Le créateur a longtemps cherché une manière de s’affranchir de son succès. C’est au contact de la musique africaine qu’il a trouvé, plus précisément de la musique malienne. On dit qu’il a passé six ans à fusionner, agencer, marier des pistes enregistrées avec des musiciens maliens et les rythmes qu’il programme en solitaire dans son studio de Montmartre. Ainsi, sans perdre leur intégrité, la kora, le balafon, le violon peul et le n’goni (le luth des griots) se sont mis au service d’une musique house au beat aussi envoûtant qu’irrésistible. Il y a du rythme mais de l’âme aussi car St Germain émaille ses constructions musicales de voix africaines masculine et féminine vibrantes. C’est un disque magnifique qui comble toutes les attentes que j’avais placé en lui.  J’aurais aimé entendre Chantal Jolis m’en parler, elle aurait eu les mots pour décrire ce métissage élevé au rang de grand art. Et chaque fois que je l’écoute (un peu compulsivement depuis sa sortie le 9 octobre)  je repense à Macadam Tribu, il y a quelque chose de l’âme musicale de cette émission mythique dans cette nouvelle parution.

Le vidécoclip de la pièce Real Blues de St Germain

SPRING, Susie Arioli  Spectra Musique

La chanteuse de jazz Susie Arioli est née à Montréal dans le sens que c’est ici qu’elle a été découverte à la fin des années 90. Et voilà qu’elle renaît à Toronto, la ville où elle a vu le jour. C’est là qu’elle a enregistré son 9e disque en carrière entourée de grandes pointures du jazz dont le réalisateur John Snyder (Chet Baker, Dave Brubeck, Etta James) et Don Thompson qui lui fait bénéficier de sa touche magique au vibraphone. Cette incursion torontoise modifie considérablement le son de la chanteuse car il y a aussi du piano et des cuivres en abondance (parfois un peu trop présents). Il y a quelque chose de plus chic (prononcez à l’anglaise) dans l’enrobage de cette voix qui demeure sincère et chaleureuse. La grande surprise de ce disque ce sont les compositions originales de Susie Arioli. Elle a osé en placer 4 parmi des classiques comme Mean To Me et Me, Myself and I que Billy Holiday a chanté longtemps avant elle. Eh bien les chansons de Susie, arrangées par Don Thompson, sont les meilleures du disque. Une auteure jazz est née!

You Make Me Feel So Young, Karen Young  Les disques Ursh

Une voix, une guitare, une contrebasse et une caisse claire. C’est la formation par laquelle Susie Arioli s’est fait connaître. Pour son retour sur disque, après six ans d’absence, Karen Young, adopte la même formule réduite mais efficace. Encadrée par les excellents musiciens Sylvain Provost et Normand Guilbeault, la chanteuse jazz revisite de façon jouissive les standards Nature Boy, So In Love, Tickle Toe et You Make Me Feel So Young. Cette dernière chanson donne le titre à ce disque bien nommé car Karen Young a toujours cette voix jeune et  aérienne qui l’a révélée à la fin des années 80 au côté de Michel Donato et qui fait encore des miracles lorsqu’elle reprend  Be Cool de Joni Mitchell et Mourir pour des idées de Georges Brassens. Force est d’admettre qu’on s’était ennuyé de Karen Young. Dommage qu’on ne lui ait pas fait une plus belle pochette pour célébrer ce retour.

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