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Conduis mon char jusqu'aux Oscars
10-02-2022

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Les cinémas ont rouvert leurs portes le 7 février. Devant l’offre abondante, j’ai choisi de vous parler de Drive my car du réalisateur japonais Ryusuke Hamaguchi.

 

Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, en nomination pour quatre Oscars (meilleur film, meilleure réalisation, meilleure adaptation et meilleur film en langue étrangère), porté par une critique élogieuse, ce très long métrage, 180 minutes!, a, en effet, quelque chose de totalement envoûtant.

 

On se retrouve à Hiroshima où Yusuke Kafuku est invité à monter la pièce Oncle Vania d’Anton Tchékhov avec une distribution internationale (cela nous vaut des scènes magnifiques avec une actrice coréenne qui parle le langage des signes). Ce texte du dramaturge russe qui s’intéresse à la sincérité de l’amour et à l’illusion du bonheur résonne particulièrement fort chez le metteur en scène qui ne se remet pas d’avoir perdu subitement sa femme adorée. Tous les dialogues de la pièce de Tchékhov le renvoient à sa vie d’avant.

 

Un prologue de 40 minutes précédant le générique d’ouverture, nous permet de comprendre son trouble devant ces mots qu’il répète inlassablement dans sa voiture ou en atelier avec ses comédiens.

 

Mentionnons à cet effet que le film se révèle aussi une leçon de théâtre, car il nous montre tout ce qu’il faut de travail et de don de soi pour faire advenir un spectacle. Un effort d’autant plus douloureux pour Yusuke Kafuku qu’il porte en lui des blessures profondes qu’il masque derrière un stoïcisme très japonais.

Le film s’intitule Drive my car (Conduis mon char en français) parce que la voiture du metteur en scène, une Saab 900 rouge, est un véritable personnage.  C’est un lieu où le metteur en scène a pris l’habitude de répéter en solitaire les textes des pièces qu’il joue ou qu’il monte. Or à Hiroshima, le festival qui l’accueille lui impose un chauffeur par souci de sécurité. Le chauffeur en question est une jeune fille de 23 ans, Misaki Watari, qui traîne en silence un lourd passé. Au gré de milliers de kilomètres qu’on fait avec eux, les nœuds qui oppressent Yusuke et Misaki se desserreront.

Comme le théâtre de Tchékhov, le film Drive my car prend son temps pour nous faire ressentir les sentiments des personnages, il pose des questions existentielles, il révèle la complexité de la nature humaine. C’est cette richesse du scénario qui permet de soutenir notre intérêt pendant trois heures. N’ayez pas peur de monter à bord, après tout, 3 heures c’est le temps qu’il faut pour faire Montréal-Québec.

Ce texte a été publié sur avenues.ca

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