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Du cinéma africain à voir à Montréal
04-04-2022

Le 38e Festival international Vues d'Afrique est en cours à Montréal. Voici trois suggestions de films à voir.

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Twist à Bamako

Avec le film Twist à Bamako, on fait un saut dans le temps puisque l’action se passe en 1962, tout de suite après la décolonisation. À l’époque le Mali ne fait pas que se débarrasser des Français, le pays adopte le système socialiste. On y voit donc comment un jeune militant, Samba, navigue entre ses convictions égalitaristes et la réalité d’un pays attaché à ses traditions.

C’est Robert Guédiguian qui est derrière cette fiction basée sur des faits historiques. Guédiguian est ce réalisateur de gauche qui nous a donné plusieurs films campés dans sa ville natale de Marseille (Marius et Jeannette 1997, Les Neiges du Kilimandjaro 2011, Au fil d’Ariane 2014, La Villa 2017, Gloria Mundi 2019). Ici, il veut nous montrer qu’on peut croire à la justice sociale le jour, et danser le twist lorsque la nuit tombe. Mais son personnage principal ne l’aura pas facile : son père est contre les réformes, des camarades le dénoncent, la famille de la fille qu’il aime éperdument se met en travers de son chemin.

Twist à Bamako ne manque pas de rythme et de rebondissements. Les comédiens sont bien dirigés, la musique est un personnage en soi et la reconstitution est particulièrement réussie.

Des raisons de sécurité ont empêché que le tournage se fasse au Mali. La production s’est plutôt repliée sur le Sénégal qui possède une géographie semblable. Le film est présenté à la Cinémathèque québécoise le 8 avril. Il prend également l'affiche en salle à travers le Québec à compter du 8 avril.

Marcher sur l’eau

Le documentaire Marcher sur l’eau nous fait vivre la réalité de Houlaye, 12 ans, qui doit composer avec l’absence d’eau dans son village de Tatiste. La jeune fille doit marcher des kilomètres pour aller cueillir la ration quotidienne d’eau de sa famille dans un puits si profond qu’il faut des ânes pour remonter le précieux liquide à la surface. Ce n’est pas tout, pendant les longues absences du père et de la mère, des nomades de l’ethnie peuls, l’aînée de la famille doit s’occuper de ses petits frères et sœurs.

Ce film est une magistrale leçon de ténacité de la part d’une enfant privée de son enfance, mais aussi d’une population pas très gâtée par la nature. Le portrait n’est par contre pas totalement dépourvu d’espoir. Il faut voir la grande volonté d’apprendre des enfants. Ils ont pour maître l’équivalent d’une Émilie Bordeleau.

Dans sa petite classe ouverte aux grands vents, le professeur enseigne avec un enthousiasme contagieux le français, les mathématiques et l’écologie, en leur parlant, entre autres, de la nappe phréatique comme d’une planche de salut. D’où le titre Marcher sur l’eau.  

Ce film est une réalisation d’Aïssa Maïga, une actrice qu’on a pu voir dans Les poupées russes (2005) de Cédric Klapish et dans Bamako (2006) d’Abderrahmane Sissako. Aïssa Maïga agit cette année comme marraine du festival Vues d’Afrique. Mentionnons que 30% des films présentés à cette édition sont réalisés par des femmes.

Marcher sur l’eau est à la Cinémathèque québécoise le 8 avril, dans le cadre du Festival international Vues d'Afrique.

Zinder

Également au Festival international Vues d'Afrique, en compétition dans la catégorie documentaire, j’ai vu Zinder, un film qui s’intéresse à la faune d’un quartier extrêmement dur de Zinder, deuxième ville en importance du Niger. Pauvres, analphabètes, sans emploi, la population, qui habite Kara Kara, autrefois le quartier des lépreux, est stigmatisée. La seule porte de sortie passe par la loi du plus fort, qui bien sûr fait la vie dure aux femmes. Je dois avouer que j’ai failli abandonner en cours de visionnement devant la description des exactions commises. Mais il y a rédemption chez les personnages que la réalisatrice Aicha Macky, elle-même native de Zinder, a choisi de suivre Siniya Boy lâche son poing américain et ses machettes pour aller casser des pierres, un job très physique qui lui permet de payer les factures qui viennent avec la grossesse de sa fiancée. Pour Bawo, c’est le programme de réhabilitation d’une ONG qui lui permet finalement de devenir chauffeur de tuk-tuk. Le destin de Ramsess, hermaphrodite qui trafique de l’essence, apparaît moins glorieux lorsque le petit commerce illicite qui fait vivre sa famille prend fin le jour où elle se fait prendre par les douaniers.

Les images de Julien Bossé sont hallucinantes.  Elles nous permettent d’être aux premières loges d’un monde qui existe, qu’il faut voir dans son dénuement et sa criante envie de vivre, mais qu’on n’aurait peut-être pas l’audace d’approcher.

Zinder est présenté en première canadienne le 6 avril à la Cinémathèque québécoise avec sous-titres français.

La version originale de ce texte a été publiée sur avenues.ca.

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