photo: Pierre Dury
Elvis Expérience, toute une réincarnation
17-03-16
Photo par Pascal Ratthé
Voilà un spectacle québécois que Montréal a attendu longtemps.
Elvis Expérience, créé en 2013 au Capitole de Québec, a été joué plus de 200 fois, y compris à Las Vegas et Paris, avant de se poser dans la métropole. Des fois c’est beaucoup plus que 250 kilomètres qui nous séparent de la Capitale. J’oserais dire que les Montréalais ont été peu exposés à cet immense succès né à l’autre bout de la 20. En tout cas, personnellement, je confesse m’être pointé au théâtre Saint-Denis sans trop savoir à quoi m’attendre à part que Martin Fontaine endossait de nouveau l’habit d’Elvis Presley. Ce qui était déjà un bon point de départ.
La première surprise survient quand le rideau tombe et laisse apparaître 32 musiciens et choristes. C’est que le spectacle Elvis Expérience est la réplique d’un des spectacles que le King a donné durant sa résidence à l’hôtel International de Las Vegas dans les années 70. Presque tout est à l’identique : le choix des chansons, les arrangements, le répertoire, les interventions parlées du chanteur, les costumes. Les seules libertés que les producteurs se sont accordées c’est en matière d’éclairages et d’effets visuels.
Le spectateur est donc constamment bombardé de photos d’Elvis Presley. À cet effet, Elvis Expérience est beaucoup plus généreux en images d’archive que le Cirque du Soleil ne l’avait été dans son spectacle Viva Elvis créé pour l’hôtel Area de Las Vegas et aujourd’hui retiré.
Mais le plus grand atout de ce spectacle, qui a obtenu la bénédiction de Priscilla Presley, c’est bien sûr celui qui prend, soir après soir, le risque de réincarner Elvis Presley. Martin Fontaine, artiste caméléon, s’est mué en Elvis plus de 1 500 fois en 20 ans (1 398 fois dans Elvis Story) et il demeure toujours aussi habité par le personnage lorsqu’il l’incarne sur scène. On sent le bonheur qu’il prend à redonner aux fans du King la mesure de cette légende du rock.
Et à voir les spectateurs autour de moi se déhancher sur leurs sièges, chanter par cœur les succès comme Hound Dog, Don’t Be Cruel, Jailhouse Rock, Burning Love, battre la mesure avec enthousiasme, il n’y a aucun doute, la magie opère.
Les spectatrices jouent même leur rôle. Comme au Hilton de Vegas, elles s’approchent de la scène pour réclamer un baiser, attraper un teddy bear ou mettre la main sur une serviette qui a servi à éponger le front de la star. As is comme on dit en américain….
Vocalement, ce spectacle est un défi. Elvis avait tout un organe! En plus de ses succès au rythme endiablé, il aimait s’attaquer aux chansons Everest de son époque comme My Way ou Impossible Dream qui côtoient un tout aussi musclé Get Back des Beatles. Comme les chansons étaient courtes à l'époque, ça faisait beaucoup de titres à enchaîner. Aujourd’hui Martin Fontaine hérite de ce pacing plutôt échevelé et c’est lui qui en tire les honneurs. Toute une réincarnation!
Après le spectacle, une réception était offerte dans le foyer du Saint-Denis. Du genre qu’on voit de moins en moins à Montréal. La star du spectacle y a fait une apparition triomphale. Tel qu’en lui-même. On peut alors voir à quel point la transformation est totale. Martin Fontaine est un monument de simplicité. Totalement présent à chaque personne qu’il rencontre. Ensemble, on a parlé entre autre de la forme physique que demande une telle prestation. Le spectacle recréé date de 1972, 5 ans avant la mort du chanteur. À 42 ans, Elvis Presley n’avait pas encore commencé à épaissir et aimait émailler sa prestation de postures et de mouvements empruntés au karaté. Martin Fontaine, lui, a maintenant 51 ans et doit s’imposer un entraînement personnel pour être à la hauteur de son modèle.
Photo par Stéphane Chevalier