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Helen McNicoll.
Un voyage impressionniste.
Une célébration de la lumière

18-07-2024

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Au printemps 2022, le Musée des beaux-arts du Canada braquait l’attention sur un courant méconnu de la peinture au Canada : l’impressionnisme.

Dans ce groupe de peintres impressionnistes canadiens, une artiste avait alors attiré mon attention: Helen McNicoll (1879-1915).

 

Quel bonheur de la retrouver dans une grande rétrospective consacrée à son travail magistral, une véritable célébration de lumière comme le suggère le titre de cette exposition rassemblant plus de 65 peintures.

Ce n’est pas un hasard si le Musée national des beaux-arts du Québec est à l’origine de cet événement. Plus du tiers des œuvres présentées (25) proviennent de la collection de Pierre Lassonde, le mécène qui a donné son nom au pavillon où les tableaux sont accrochés jusqu’au 5 janvier.

Avant de parler du talent d’Helen McNicoll, il importe de la situer dans son environnement et de raconter son histoire pas banale.

Voilà une artiste qui a grandi à Montréal dans une famille appartenant à l’élite protestante de ce qui était alors la métropole du Canada. Très jeune, Helen McNicoll perd l’ouïe à la suite d’une scarlatine. Le père (un très haut placé dans l’industrie ferroviaire canadienne) et la mère encouragent leur aînée à développer ses talents artistiques. En même temps, les parents ne favorisent pas l’apprentissage de la langue des signes. La jeune fille lira plutôt sur les lèvres de ses interlocuteurs (la lecture labiale), et s’adonnera avec beaucoup de ferveur à la peinture, une discipline qui favorise la contemplation.

Après des cours de peinture à l’Art Association of Montreal, la Montréalaise ira se perfectionner en Europe. Pas en France, pays des impressionnistes, mais en Angleterre, notamment pour une question de langue.

La jeune artiste développe un réel talent à transposer la lumière sur la toile, comme l’ont fait les maîtres français du genre Monet, Matisse, Pissaro et compagnie.

Comme eux, elle peint en plein air. Aux champs, à la plage, sur le bord d’un chemin ou d’une rivière. Souvent, elle commence par de petits formats (pochades), qu’elle reproduit ensuite en plus grande dimension en atelier.

 

Est-ce une impression personnelle, mais il y a du silence dans ses œuvres. On sent que l’artiste observe ses sujets, sans mots dire.

Autre fait remarquable, ses personnages sont des femmes ou des  enfants. Pas d’hommes, à deux exceptions près si mon compte est bon.

L’artiste, qui partageait sa vie avec la peintre Dorothea Sharp, n’avait pas d’enfants, mais aimait les mettre en scène. On raconte qu’elle traînait avec elle une garde-robe de beaux vêtements pour habiller ses sujets qu’elle recrutait au gré de ses déplacements.

Quant aux femmes qu’elle représente dans ses tableaux, c’est souvent dans des tâches qui leur incombaient à l’époque : couturière, nourrice, vendeuse de fruits, glaneuse.

À une époque où l’impressionnisme est pour plusieurs un genre controversé, des œuvres d’Helen McNicoll produites sur le Vieux Continent sont régulièrement envoyées à Montréal où elle recueillent d’excellentes critiques, en plus de lui valoir un fan-club de collectionneurs très argentés habitant le Mille carré doré, notamment William Van Horne, le grand patron du Chemin de fer Canadien Pacifique.

Mentionnons que lors de ses nombreux voyages au pays, la peintre immortalise plusieurs scènes d’hiver montréalaises à la manière impressionniste.

Sa cote est si bonne en 1912, que le Musée des beaux-arts du Canada acquiert une de ses toiles, intitulée Champs de chaume.

Son décès à 35 ans, des suites de complications dues à son diabète, met un terme à son irrésistible ascension dans un monde de l’art alors réservé aux hommes.

10 ans après sa mort, en 1925, l’Art Association of Montreal, l’ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal, lui consacre une rétrospective. 150 tableaux sont présentés au public. Et après? Plus rien, pendant 100 ans. Helen McNicoll a été oubliée par l’histoire de l’art.

Bravo au MNBAQ d’avoir mis un terme à ce trop long hiatus.

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