photo: Pierre Dury
HORST
6-08-15
J'avoue, je ne connaissais pas le photographe Horst avant d'entendre dire que le musée McCord accueillerait cet été la plus grande rétrospective de son oeuvre, organisée et mise en circulation par le Victoria and Albert Museum de Londres.
L'affiche de l'exposition, qui montre une femme appliquant du rouge à ses lèvres et affublée de lunettes soleil blanches très design, m'a rapidement convaincu que c'était à voir. D'autant qu'il s'agit d'une exclusivité nord-américaine.
La vie étant ce qu'elle est, ce n'est que cette semaine que je me suis rendu au musée de la rue Sherbrooke.
Muriel Maxwell, couverture du Vogue américain, 1er juillet 1939 Succession Horst © Condé Nast
Les photos en couleurs ont été imprimées à partir des diapositives originales. La qualité d'impression est remarquable
L'exposition se termine le 23 août.
Muriel Maxwell, couverture du Vogue américain, 1er juillet 1939 Succession Horst © Condé Nast
Ma visite m'a beaucoup appris sur le personnage car c'est une exposition très documentée. Né en Allemagne en 1906, Horst Paul Albert Bohrmann s'installe à Paris dans les années 30 alors que la Ville Lumière est la capitale de la mode. Il sera d'abord apprenti chez Le Corbusier. Sa relation privilégiée avec le photographe Huene, ils sont amants, lui ouvre les portes du magazine Vogue où il devient, en 1935, le photographe principal.
Dans les premières salles, très sombres pour protéger les oeuvres, on peut voir de nombreuses photos qui témoignent des efforts de mise en scène du photographe. Après le dessin de mode, il faut inventer la photo de mode et ça passe souvent par un détour par la Grèce antique.Je m'arrache les yeux à regarder et à lire les cartels et je tombe d'accord avec cette citation d'Edna Woodward Chase, rédactrice en chef de Vogue en 1937 qui sermonne le photographe pour le manque de lumière dans ses photos. Disons qu'on est loin, du côté bonbon de l'affiche.
Avant d'arriver au feu d'artifices de couleurs, on aura droit à des photos noir et blanc inspirées du surréalisme, des clichés de voyages en Syrie et en Iran, des montages d'images volées à la nature, des nus. Pas inintéressant mais un peu aride.
Chemin faisant, on continue à en apprendre sur l'homme. Pendant la guerre, il laisse tomber son patronyme pour devenir Horst P.Horst. Et comme la scène de la mode se déplace à New-York, il quitte pour les États-Unis où il s'installe définitivement en 1947 partageant sa vie avec un diplomate britannique. C'est à New-York qu'il fera des miracles avec la couleur à la une du Vogue..
Le clou de cette exposition ce sont ces premières pages vitaminées et baroques dans leurs mises en scène. On n'ose pas imaginer la patience que devait avoir les mannequins pour arriver à ces résultats. D'ailleurs vous verrez que la perfection n'était pas de ce monde non plus. Horst faisait beaucoup de retouches à ses photos. Un précurseur du photoshop !
Plus tard, Horst s'adonnera à la photo d'intérieur. Est-ce le temps qui passe ou le mauvais goût des gens riches et célèbres, il y a beaucoup d'horreurs dans cette partie de l'exposition qui donne à voir des décors hyper chargés quand ils ne sont pas complètement risibles.
Horst est mort en 1999 à Palm Beach à l'âge de 93 ans.
Horst: photographe de l'élégance est une exposition généreuse et très documentée. Le personnage m'a cependant laissé de marbre.
A l'affiche jusqu'au 23 août.