photo: Pierre Dury
Les Journées de la culture
25-09-15
Aujourd’hui, vendredi 25 septembre 2015, commence la 19e édition des Journées de la culture. Pendant 3 jours, plus de 3 000 activités gratuites seront offertes au public aux quatre coins du Québec.
Pour donner un sens à mon titre d’ambassadeur de ces Journées, je me suis convaincu d’écrire un texte sur le sujet au moment où on se désole de voir notre culture de plus en plus galvaudée.
Sans vouloir empiéter sur les rappels historiques qu’on fera l’an prochain pour le 20e, j’ai pensé qu’il était utile de rappeler dans quel contexte cet événement qui voulait démocratiser la culture est né.
Je me souviens que l’idée apparaît en 1996 dans la foulée d’un sommet où le premier ministre Lucien Bouchard convainc le Québec d’embrasser l’objectif du déficit zéro. A Ottawa, entre autres choses, Jean Chrétien fait entrer Stéphane Dion dans son cabinet. Lise Thibault est nommée lieutenant-gouverneur. Vous en voulez d’autres? Les Canadiens de Montréal jouent leur dernier match au Forum. Le Saguenay est éprouvé par un déluge. Radio-Québec devient Télé-Québec. Robert Bourassa, Gaston Miron et Robert Gravel quittent notre monde.
Le 31 décembre 1996, les Québécois pouvaient se dire qu’ils avaient un beau projet devant eux : le dernier vendredi de septembre et les deux jours suivants de chaque année, ils auraient dorénavant rendez-vous avec leur culture.
Louise Sicuro, la fondatrice de cette célébration unique en son genre (copiée plus tard par les canadiens-anglais), n’a jamais manqué une année.
Il y a même eu des années fastes. En 2000, tous les réseaux de télévision du Québec (Radio-Canada, Télé-Québec, TVA, TQS, TV5) ont diffusé simultanément une grande émission conçue par Dominic Champagne, Louise Latraverse et Louise Sicuro. Culture en direct a attiré 1,2 million de personnes. Ça rend quasiment nostalgique.
Aujourd’hui, en 2015, alors que l’espace dévolu dans les médias à ce qui nous façonne, nous nomme, nous singularise rétrécie comme une peau de chagrin, n’est-ce pas formidable d’avoir ce prétexte des Journées de la culture pour dire à quel point notre culture est importante.
Il y a de tout dans ces Journées : des cinéastes qui révèlent leurs secrets, des chorales qui vous invitent à chanter avec elles, des passionnés de patrimoine qui nous ouvrent les yeux sur ce qu’on ne voit plus, des fermières qui passent leur savoir, des professeurs qui font fi de leur description de tâches et entraînent leurs élèves dans des projets artistiques fous, des artisans qui ouvrent les portes de leurs ateliers. Il y a même, cette année, un grand remue-méninge pour trouver des façons de rendre la culture plus accessible par le numérique. Ça s’appelle un hackathon. Il faut bien apprendre à vivre avec la bête!
Sauf quelques exceptions, la programmation est loin de la culture qui fait la manchette, des mêmes sempiternelles vedettes qui monopolisent l’attention et de cette manie de tout faire passer par un tapis rouge.
C’est ce qui est beau dans cette invention, pour une fois dans l’année on célèbre la culture à échelle humaine, on écoute ceux qui créent dans l’ombre et on peut participer à la grand-messe.
Fouillez dans le moteur de recherche des Journées et vous trouverez de la vie, de la passion, de la beauté. Et c’est gratuit….