photo: Pierre Dury
JULIEN, biographie d'une idole
26-07-14
Ce n’est rien, Le patineur, Souffrir par toi n’est pas souffrir, Ma préférence, La fille de la véranda, Jaloux de tout, La belle est arrivée, Utile et tant d’autres….Je ne sais pas pour vous mais Julien Clerc a toujours eu une chanson sur ses disques pour me rallier…
Depuis Yann et les dauphins, en 1968, j’ai toujours aimé cette manière unique que Julien Clerc avait de faire de la chanson populaire. Je n’ai pas peur d’écrire qu’il est, dans la chanson française, dans la lignée des grands : Trenet, Ferré, Aznavour, Bécaud, Brassens. C’est un classique!
Oh bien sûr, Luc Plamondon l’a encanaillé avec des titres ( Lili voulait danser, Cœur de rocker, La fille au bas nylon ) qui détonnaient dans son répertoire mais qui, grâce à leur efficacité, lui ont procuré ses plus grands succès populaires.
J’ai découvert Julien Clerc à l’adolescence et n’ai jamais cessé de le suivre. Comme journaliste j’ai eu souvent l’occasion de l’interviewer ce qui m’a occasionné quelques déceptions car l’homme est assez réservé et pas très facile à cerner.
Quand j’ai appris que la journaliste du Nouvel Observateur, Sophie Delassein, publiait une biographie sur lui, je me suis précipité. Le livre, intitulé simplement Julien, offre un certain nombre de clés pour mieux comprendre le personnage.
Ça commence avec son arrivée au monde en 1947, fruit d’un couple dépareillé qui ne dure pas. La mère, d’origine antillaise, le père, issu des grandes écoles, se séparent alors qu’il est très jeune dans d’horribles chicanes qu’on nous raconte.
Le jeune garçon, qui s’appelle alors Paul-Alain Leclerc, sera balloté d’un parent à l’autre.
Chez son père, il baigne dans la rigueur et la musique classique. Chez sa mère, c’est le laissez-faire et la culture populaire y compris celle venue des pays anglo-saxons.
Dans son art, il s’abreuvera à ces deux mamelles pour créer un genre unique. La biographe écrit avec justesse : ‘’Ses compositions, lyriques, originales, un peu à contre-courant, lui ressemblent. La musique est un langage : sa musique est son langage. Il excelle dans le romantisme à la française.’’
Julien Clerc est un compositeur qui possède l’art de la mélodie et qui prend un soin maniaque à choisir ses textes. Étienne Roda-Gill, Maurice Vallet, Maxime Leforestier, David McNeil, Françoise Hardy, Carla Bruni sont quelques-uns des auteurs qui ont façonné son répertoire.
Le livre de Sophie Delassein révèle comment ils se sont succédé les uns les autres, parfois au prix de terribles crises de jalousie et d’égos.
Il y a aussi, dans Julien, des incursions dans la vie privée du chanteur. Ses amours avec la chanteuse France Gall, l’actrice Miou-Miou, l’écuyère Virginie Coupérie (qu’il marie alors qu’elle a 22 ans et lui 35) et, la dernière, Hélène, qui lui donnera un fils en 2008. Mais tout ça est esquissé. On sent de la retenue chez l’auteure sauf lorsqu’il est question de son rôle de père qu’il assume, apparemment, avec beaucoup de sérieux et de naturel.
Il y a des pages surprenantes sur sa relation avec l’ancien président socialiste François Mitterrand qu’il recevait à dîner à la maison en présence d’amis comme Renaud, Maxime Le Forestier, Nicole Garcia et Jane Birkin.
Plus tard, c’est en compagnie de Nicolas Sarkozy qu’on le retrouve en raison de la relation que le président de droite entretient avec sa parolière Carla Bruni.
Ces anecdotes m’ont aidé à comprendre le flou que j’ai toujours perçu dans la posture politique de Julien Clerc qui, d’ailleurs, dit ceci : ‘’Par paresse ou par manque de motivation, j’ai peu voté dans ma vie. Je crois que les artistes appartiennent à tout le monde et donc leur place est de rester en dehors.’’
En 300 pages, il y a forcément des trous dans l’histoire du chanteur. On en voudrait plus mais le récit fait bien ressortir ce que j’appellerais la noblesse de cet artiste.
Une chose est sûre, je ne regrette pas d’avoir appelé mon fils Julien. A l’issu du livre, l’effet que le chanteur a fait à sa mère et moi, est sauf.
JULIEN
Sophie Delassein
calmann-lévy
302 pages