photo: Pierre Dury
LA FEMME QUI FUIT d'Anaïs Barbeau-Lavalette
31-08-16
Un an après sa sortie, je viens de lire La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette.
J’ai l’impression d’être en retard, mais en même temps ce livre n’a pas de date de péremption. Le récit de la vie de Suzanne Meloche (grand-mère de l’auteure, mère de Manon Barbeau et femme de Marcel Barbeau) nous plonge à la fois dans le mystère de la nature humaine, le côté sombre de notre histoire et la fatalité de la génétique, trois thèmes éternels. Il y a donc ce personnage central, Suzanne Meloche, dont on se demande ce qui la pousse à constamment rompre avec sa vie. Il y a aussi le tableau d’une époque qui, tel qu’esquissé, mérite son nom de grande noirceur (les années Duplessis). Et, troisièmement, il y a la quête obstinée de l’auteure pour comprendre pourquoi son aïeule a abandonné ses enfants. Cette quête est le moteur du récit. Le livre est écrit au TU. De cette façon, Anaïs Barbeau-Lavalette met constamment son personnage face à ses actes. De plus, la mise en page propose de courts chapitres qui accentuent la fuite suggérée par le titre. Le lecteur est toujours aux trousses de cette femme sans attaches. Anaïs, qui a elle-même trois enfants, sait décrire (quelle plume!) l’importance de la présence maternelle ce qui rend d’autant plus violents les agissements de sa grand-mère. Et pourtant on n’est pas dans le procès d’intention. La femme qui fuit est à la fois procès et pardon. Un livre important … pour toujours.