photo: Pierre Dury
Les 30 ans du Cirque du Soleil en musique
14-12-14
Le Cirque du Soleil a 30 ans et pour la première fois depuis 2009, la compagnie québécoise n’a pas de spectacle au Centre Bell durant la période des Fêtes.
L’amphithéâtre est occupé par le Championnat mondial junior de hockey.
Cependant, l’anniversaire est souligné par un concert à l’église Saint-Jean-Baptiste qui souligne trois décennies de création musicale au Cirque du Soleil. Après tout, la musique a été une des pierres d’assise des 35 spectacles que le Cirque a mis au monde.
Cette idée un peu folle vient de Gilles Ste-Croix, un des fondateurs de la compagnie qui prendra sa retraite sous peu. Je dis un peu folle car tout ce que le Cirque du Soleil entreprend ne peut jamais être simple. Dans ce cas-ci, pour mettre en valeur les compositions de René Dupéré, Benoit Jutras, Philippe Leduc, Violaine Corradi ou Éric Serra, il fallait un grand orchestre, des chanteurs et des chœurs. Donc beaucoup d’artistes sur scène et un support technique à toutes épreuves.
Pour le concert du 30e, il y a donc une trentaine de musiciens (dont l'organiste Jean-Willy Kunz), 8 solistes et 70 voix d’hommes, de femmes et d’enfants. Sans compter plusieurs personnages sortis des différents spectacles.
Tout ça dans le cadre majestueux de l’église de la rue Rachel. Les scénographes du Cirque ont toujours été très créatifs mais on peut en dire autant des architectes Casimir Saint-Jean et Émile Vanier qui ont conçu et réalisé ce lieu de culte au début des années 1900 et de Guido Nincheri qui en a fait la décoration en 1932. Les éclairages et les projections que l’équipe du Cirque a imaginés ne cessent de mettre en valeur ce décor spectaculaire pendant les 75 minutes du concert.
Autre acte de bravoure dans la concrétisation de ce projet : la sonorisation. On entend bien les voix des solistes, les instruments à cordes, ceux du band et la puissance des chœurs. Chaque choriste a un micro-casque!
Le répertoire est composé d’une trentaine de pièces dont plusieurs méconnues du public car extraites de spectacles qui n’ont jamais été présentés à Montréal (La Nouba, Zed, Zaia, Iris, Kà etc…) On n’a pas choisi les plus rythmées. Le concert prend au contraire un ton assez solennel qui tranche avec l’énergie habituelle des spectacles du Cirque du Soleil. Ce ton plus sérieux convient parfaitement au lieu et à l’esprit des concerts de Noël. D’ailleurs les moments les moins réussis surviennent lorsqu’on sort de cette ambiance comme par exemple lors de l’exécution de Love Me Tender du show Viva Elvis et Brisa do Mar de Ovo.
Les chanteuses ressortent mieux que leur vis-à-vis masculins particulièrement Estelle Esse et Audrey Brisson-Jutras qui volent le show.
Parmi les moments de grâce mentionnons Aftermath de Kà, Because de Love, Alegria d’Alegria et Kumbalawé de Saltimbanco.
Jeudi soir, on sentait, comme à tous les soirs de première au Cirque du Soleil, qu’il y avait encore des ajustements à apporter au spectacle. Quand je suis allé saluer Guy Laliberté à l’issue de la représentation, il s’employait, de son banc d’église, à identifier les correctifs à apporter pour que ce pari fou devienne un autre succès.
Un spectacle à ne pas manquer, pour voir le Cirque du Soleil autrement....