photo: Pierre Dury
Les Feluettes à l'Opéra de Montréal
27-05-16
Après la version originale québécoise pour le théâtre, les multiples versions en langues étrangères et le film (Lillies) voici Les Feluettes à l'opéra.
La pièce de Michel-Marc Bouchard, qui aura 30 ans l’an prochain, était faite pour l’art lyrique, un genre qui aime bien les sentiments exacerbés, les amours impossibles, les mensonges et les dénouements tragiques. Sans sacrifier la limpidité d’un récit quand même foisonnant, l’auteur a
brillamment adapté son texte aux codes de l’opéra. Il y a des duos poignants, des affrontements musclés, des chimères chantées, des chœurs empathiques.
Et dans le cas précis des Feluettes, tout ça est rendu par une distribution entièrement masculine, car l’action se passe dans une prison pour hommes.
Chaque interprète a sa raison de briller. Le ténor Jean-Michel Richer pour la vulnérabilité qu’il dégage dans le rôle de l’amoureux transi, le baryton Étienne Dupuis dans celui du personnage écartelé entre ses sentiments profonds et la pression sociale ou encore le baryton Aaron St.Clair Nicholson et le contre-ténor Daniel Cabena qui incarnent des femmes sans nous accabler de maniérisme.
Dans ce projet, il fallait une direction d’acteur irréprochable et encore une fois le metteur en scène Serge Denoncourt fait des miracles avec la dramaturgie de Michel-Marc Bouchard.
J’aurais été davantage emporté si la musique avait été plus mélodique. Mettons ça sur le compte de la nouveauté. La partition de Kevin March, qui m’est apparue plutôt discrète, va peut-être s’imposer avec le temps.
Bravo à l’Opéra de Montréal d’avoir permis à cette œuvre d’exister.
Dans le milieu assez conservateur des amateurs d’opéra, il y avait certainement un risque d’offrir une histoire d’amour entre deux hommes, mais l’accueil triomphal qui a été fait à la production hier soir (jeudi 26 mai) prouve que le pari est gagné. Souhaitons maintenant que l’opéra
Les Feluettes obtienne un aussi grand succès international que la pièce a connu depuis 1987.