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Roussil, le cul par terre
19-03-2025

Hommage à René Lévesque à Lachine, Girafes au parc Jean-Drapeau, Cactus modulaire sur la rue Peel, Totem ailé à Rivière-du-Loup, les œuvres de Roussil font partie de notre décor, mais sait-on vraiment qu’elles sont de lui ?

Et qui se souvient de Robert Roussil ? Qu’il est né à Montréal ? Qu’il a été censuré en 1949 pour une sculpture en bois représentant une famille nue ?

Le fait qu’il a vécu hors du Québec la majeure partie de sa vie explique peut-être cet oubli collectif.

En voyant R. Roussil, Le cul par terre, présenté en première mondiale au FIFA, vous ne pourrez plus ne pas savoir. Le documentariste Maxime-Claude L’Écuyer profite du centenaire de l’artiste pour le ramener dans l’actualité.

Après tout, c’est un contemporain de Jean Paul Riopelle et Françoise Sullivan qui ne cessent, eux, de faire les manchettes ces dernières années.

Robert Roussil est parti pour la France presque 10 ans après son compatriote Riopelle.

Dans le documentaire, on l’entend donner la raison de son exil dans une archive datée de 1957: «Comme la plupart des artistes canadiens, il arrive un temps que c’est la chose à faire.»

Dans cette entrevue, Roussil ne donne pas de date de retour. De fait, il vivra  en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec sa conjointe Danielle, jusqu’à sa mort en 2013.

 

Sans jamais perdre son accent québécois, sans jamais arrêter de travailler, et en étant toujours présent dans le paysage québécois grâce à ses oeuvres.

Le documentaire de Maxime-Claude L’Écuyer passe beaucoup de temps à Tourrettes-sur-Loup, village médiéval où Roussil s'est accroché un jour, mettant à sa main un vieux moulin construit sur un éperon rocheux, et abandonné depuis des lustres.

Au fil des ans, il a fait de ce petit domaine de roches une sorte de Saint-Paul-de-Vence personnel (en passant Saint-Paul-de-Vence est à moins de 10 km).

Comme s'il avait déduit qu'on ira jamais à Tourrettes-sur-Loup, le réalisateur prend tout son temps pour nous montrer chaque détail de cette maison d'artistes et des oeuvres qui l'entourent. 

En guise de commentaire, on entend Roussil raconter comment il conçoit sa vie d'artiste et son travail. Des déclarations tirées d'archives. Le matériel est assez daté, ce qui fait croire qu'on a peut-être cessé un jour de lui le tendre le micro. 

Lorsque le documentaire s'attarde à tout ce que Roussil a fait chez-nous, qu'on pense aux oeuvres monumentales nommées plus haut, on réalise à quel point l'importance de son oeuvre n'a d'égal que l'oubli qu'on lui réserve.

Encore une fois on a le Je me souviens anémique.

 

Merci au film de nous montrer tout ce qu'il a fait et qui fait encore partie de nos villes sans qu'on sache que c'est du Roussil.

Et il y a tout ce qu'on ne connait pas que le documentaire nous montre aussi.

Roussil a dessiné jusqu’à la veille de sa mort, accumulant plus de 700 dessins. On nous les présente dans une frénésie comparable à la manière dont ils ont été réalisés. Le film nous apprend aussi que cette collection qui accumule la poussière n'a suscité l’intérêt d’aucun musée canadien. Une honte!

Ajoutez à ce désintérêt qu’on lui porte en fin de vie, les multiples embûches que l’artiste a connues tout au long de sa carrière (qu’on pense à son œuvre La grande fonte qui se dresse présentement à la vue de personne derrière le Silo no 5 du Vieux-Port alors qu'elle a été créée pour le square Victoria), et ça vous donne un artiste plutôt en colère.

Puisse ce film apaiser de manière posthume son courroux, et surtout réhabiliter sa mémoire. Ce serait la moindre des choses en cette année du centenaire de Robert Roussil.

La projection du film au cinéma du Musée, le 22 mars, se fera en présence de la femme de l’artiste, du réalisateur et des producteurs.

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