
photo: Pierre Dury
Heureusement qu'il y a le cinéma
12-04-2025





Ces temps-ci je dirais qu’heureusement il y a le cinéma pour me sortir du mauvais film dans lequel nous sommes tous obligés de jouer sous la direction du sinistre metteur en scène Donald Trump.
Je dirais même plus : heureusement qu’il y a le cinéma français! Le 7e art a repris ses droits en France je trouve.
Cette semaine, j’ai vu un film qui me fait envie depuis que j’ai vu sa bande-annonce: En fanfare de Emmanuel Courcol, gagnant du prix du jury et du prix du public Michel-Côté du Festival du film de l'Outaouais le 11 avril.
Si mon contentement se mesurait en ml de larmes que j’ai versées, ce film se mériterait un 10.
Il y a plein de choses qui m’ont remué dans ce film d’une grande justesse de ton, notamment le pouvoir de la musique.
De voir deux frères séparés à l’adoption se retrouver et se reconnaître par la musique malgré qu’ils aient été élevés dans des milieux complètement différents est terriblement émouvant.
Je n’ai pas cessé de penser à l’école FACE en voyant tous ces personnages périphériques réunis par la pratique de la musique.
Faire partie d’un ensemble musical, jouer d’un instrument avec d’autres, chanter, tout ça semble si salvateur.
Et il y a les deux acteurs principaux qui sont tellement touchants chacun à leur manière. Pierre Lottin rappelle Gérard Depardieu jeune, et Benjamin Lavernhe, lui, est juste parfait dans le rôle du chef d’orchestre de renommé internationale qui réalise la chance qu’il a eue d’être adopté dans une famille qui lui a permis de s’accomplir musicalement, et souhaite redonner au suivant.
Benjamin Lavernhe m’avait beaucoup impressionné dans son film précédent où il incarnait l’abbé Pierre durant toute sa longue vie. Le biopic était quelconque, mais lui était fabuleux dans le rôle de ce personnage mythique. Malheureusement pour cet acteur de la Comédie française, le personnage qu’il a incarné avec tant de dévotion a été déboulonné dans le contexte me too au moment de la sortie du film. Tout ça pour ça!
Il y a beaucoup de musique dans En fanfare. La bande sonore ratisse large: Malher, Debussy, Verdi, Beethoven, mais aussi le Boléro de Ravel, Emmenez-moi d’Aznavour, Laissez-moi danser’ de Dalida, I Remember Clifford par Lee Morgan.
Apportez vos mouchoirs, au cas!
Il y a quelques jours j’ai vu aussi Jouer avec le feu avec un Vincent Lindon remarquable dans le rôle d’un père qui élève seul ses deux gars. (prix d'interprétation festival de Venise)
Tiens! Là aussi deux frères. L’un des deux réussit bien, un petit parfait, alors que l’autre se cherche et se laisse embarquer dans un groupe d’extrême droite très loin des valeurs que lui a inculquées son veuf de père.
Vous avez entendu parler ou vu la série Adolescence, il y a quelque chose de semblable dans Jouer avec le feu, c’est à dire un parent qui se demande comment il a pu échapper son enfant des griffes de la violence.
Dans le rôle du jeune perdu, Benjamin Voisin est stupéfiant.
Comme En fanfare, Jouer avec le feu se passe en région, dans le nord, dans une ville industrielle, syndiquée.
On est loin de Paris! Et dans les deux cas, on est dans un cinéma extrêmement réaliste.
À côté de ces deux films, Ma mère, Dieu, et Sylvie Vartan n’a pas fait le poids pour moi. Un peu trop exagéré et étiré cette histoire d’un enfant qui naît avec un pied bot et qui apprend à parler grâce aux chansons de Sylvie Vartan et à marcher grâce à sa mère (qui veut beaucoup), à Dieu (pas si présent) et à Sylvie Vartan (ne s’est-elle pas remise elle-même d’un terrible accident d’auto?)
Il faut savoir, pour arriver à y croire, que c’est l’histoire vraie de celui qui est devenu un jour l’avocat personnel de la célèbre chanteuse qui apparaît d’ailleurs dans le film. Évidemment, on entend plusieurs de ses chansons. J’avoue que réentendre Irrésistiblement, c’est irrésistible!
Chapeau aussi à Leïla Bekht qui tient le film sur ses épaules grâce à une performance époustouflante.
Comme vous voyez, ça fait quand même plusieurs bonnes raisons d’aller voir le film. Il a d’ailleurs franchi le cap du million d’entrées en France, et se situe au 2e rang au box-office québécois.
Quand je vois ces résultats, je suis très content pour le Québécois Ken Scott qui est nul autre que le réalisateur de ce film.