photo: Pierre Dury
Une Mary Poppins parfaite!
29-06-16
Lorsqu’elle se présente aux enfants qui seront sous sa gouverne, Mary Poppins se décrit comme étant ‘’presque’’ parfaite. Trop d’humilité cette nounou! Tout ce qu’elle touche devient beau et magique. Sur scène et dans la vie.
En 1965, ce personnage vaut un Oscar à Julie Andrews. En 2005, Laura Michelle Kelly remporte un prix Laurence Olivier pour la création du rôle dans la première version scénique de la comédie musicale à Londres.
Maintenant, c’est au Québec d’être sous l’emprise de Mary Poppins et en français s'il vous plaît. Rarement a-t- on vu une comédie musicale produite ici atteindre une telle perfection.
Juste pour rire, producteur du spectacle, n’a visiblement pas lésiné sur les moyens pour y arriver et le metteur en scène Serge Postigo (qui signe également l’adaptation et la traduction) y a mis une rigueur et un sérieux qui permettent d’atteindre un niveau digne de Broadway.
La comédie musicale québécoise a trouvé un successeur à Denise Filiatrault, le maître incontesté du genre jusqu’ici.
Le Mary Poppins de Postigo, à l’affiche du Théâtre Saint-Denis pendant l’été, est une suite de numéros spectaculaires et enlevés qui atteignent directement notre cœur d’enfant.
On est fasciné par la magie de Mary Poppins qui fait apparaître des objets de son sac à main et donne vie à des toutous (serait-elle l’ancêtre de Harry Potter?).
On devient gaga sous l’effet du supercalifragilisticexpialidocieuse de Mme Corry, la vendeuse de lettres.
On est contaminé par l’énergie des ramoneurs menés par le débonnaire Bert.
On s’amuse des gaffes du majordome et de la mauvaise humeur de la bonne, Mrs Brill. On s’émeut de la chanson de la femme aux oiseaux. On s’émerveille de voir voler la nounou au-dessus de nos têtes.
Cette mécanique parfaitement huilée est couplée à une distribution aussi fabuleuse que méconnue. On y découvre des artistes extrêmement talentueux autant dans le jeu, le chant que la danse. C’est fou le talent qu’il y a au Québec!
Joëlle Lanctôt est irréprochable en Mary Poppins. Jean-François Poulin dégage un puissant charisme dans le rôle du ramoneur Bert. Les enfants, incarnés par Alessandro Gabrielli et Alexandra Sicard, sont d’une justesse rare.
Il y a aussi Élysabeth Rivest, Claire Jacques, Frédérike Bédard et bien sûr, le plus connu de tous, René Simard.
Impossible de nommer tout le monde, car il y a une trentaine d’artistes dans cette
production, mais quelle troupe!
À cela s’ajoute un orchestre de huit musiciens installés sous la scène et dirigés par Guillaume St-Laurent et en coulisse une armée de techniciens pour assurer les 27 changements de décor qui ont été conçus avec beaucoup d’ingéniosité par Jean Bard. Et que dire des costumes somptueux de Denis Lavoie.
Et on ne peut même pas reprocher à cette histoire d’être dépassée. Le propos extrêmement positif qui se dégage de Mary Poppins fait énormément de bien et les flèches décochées aux banques et à leur cupidité sont bien méritées.
Voilà donc une valeur plus que sûre dans l’offre abondante de spectacles à Montréal. Courez voir Marie Poppins. Volez-y même, c’est magique et ... parfait!
photo: Laurence Labat