photo: Pierre Dury
Je tiens ce blogue depuis un peu plus d'un mois. C'est le temps d'aborder la question du blogue comme moyen de communication. Je l'ai fait à la demande de Myriam Daguzan Bernier, rédactrice en chef du blogue Ma mère était hipster qui vient de mettre en ligne un dossier très intéressant sur le sujet et son impact sur la critique.
Voici le lien pour avoir accès au site, suivi de mon texte.
TO BLOG OR NOT TO BLOG
Le titre de mon article emprunte à Shakespeare qui a un jour posé la question : Être ou ne pas être. S’il vivait aujourd’hui, le dramaturge anglais ne jonglerait pas longtemps avec le dilemme Être ou ne pas être actif sur les médias sociaux. Le prolifique auteur aurait Les Joyeuses Commères de Windsor comme amies Facebook. Devant l’agitation sur le fil Tweeter, il irait d’un lapidaire gazouillis : Beaucoup de bruit pour rien. Et son blogue s’appellerait peut-être La Comédie des erreurs.
Parlez-en à mes proches, j’ai résisté longtemps aux nouveaux modes de communication de l’ère 2.0. Il faut dire que pour me faire entendre, j’ai été gâté. Pendant plus de trente ans, on m’a payé pour partager ma curiosité. Pour transmettre ce que j’apprenais ou découvrais. J’ai pu faire entendre ma voix dans un grand média sur une base quotidienne. Un privilège! Pour tout dire, avec une telle tribune, je n’ai jamais ressenti l’appel du blogue.
Je n’avais pas plus d’attirance pour ceux des autres. Je me suis rarement servi des blogues pour m’informer, me documenter.
IL Y A JUSTE LES FOUS QUI NE CHANGENT PAS D’IDÉE
Mais voilà qu’arrive ma décision de quitter mon poste de journaliste culturel. On ne cesse pas de faire de la nouvelle quotidienne -avec l’adrénaline dans le tapis- sans sevrage. J’ai alors vu dans le blogue une sorte de méthadone. Une bouée. Comme le gilet de sauvetage sous le fauteuil de l’avion, on ne s’en préoccupe pas jusqu’au jour où il pourrait nous sauver la vie. Avec mon petit media-personnel-maison, j’avais trouvé une façon de pouvoir continuer à émettre.
M’inventer une tribune personnelle sur le web m’a aussi permis d’avoir quelque chose à répondre à ceux qui me demandent où ils peuvent me suivre dorénavant. Ma réponse tient en un nom de domaine : claudedeschenes.ca.
Les moyens du blogueur n’ont cependant rien à voir avec ceux du journaliste d’une grande entreprise de presse. Ne pouvant plus compter sur mes indispensables camarades (affectatrice, réalisateurs, assistantes à la réalisation, cameramen, preneurs de son, monteurs), j’ai dû me résoudre à une approche plus modeste. Une évidence quand on navigue en solitaire.
J’apprends donc à maitriser les outils web qui me donnent du fil à retordre. Je travaille à changer ma signature télé pour une écriture plus web. Je découvre le pouvoir de la photo.
Pour ce qui est des sujets, je continue à ratisser large. J’entends demeurer le généraliste que j’ai toujours été mais avec une ligne éditoriale simplifiée par rapport à celle de la télévision publique où j’ai servi. Désormais, je parle seulement de ce que j’aime. Une œuvre d’art public, un nouveau disque, un film, il faut que ça m’allume si je veux créer une étincelle chez ceux qui reçoivent mon message quelque part dans la vaste blogosphère.
Et la grande inconnue c’est justement ça: le public. D’ailleurs est-ce qu’on parle d’un public ou d’un lectorat? Je ne sais pas trop qui reçoit ma bouteille à la mer. Il faut dire que je n’ai pas créé d’outil pour la rétroaction sur mon blogue. J’ai eu un peu peur de la médiation que ça implique. Vous me direz si je me trompe.
En conclusion, pour le débutant que je suis, avoir un blogue à son nom, c’est découvrir une forme de liberté. Ce qui n’empêche pas la rigueur, la curiosité, l’intégrité. On ne se change pas même si on change d’idée!